mardi 11 mars 2014

La Planète des singes: les origines (2011)

Passons enfin au dernier volet (en date) de la grande saga de la Planète des singes, le film de Rupert Wyatt sorti il y a trois ans: Rise of the Planet of the Apes.


Attention spoiler! Je vais raconter l'intrigue en long, en large et en travers...

Un jeune scientifique de San Francisco, Will Rodman, a mis au point un rétrovirus améliorant les capacités cognitives des chimpanzés, le ALZ-112. Les résultats sont impressionnants et il espère en tirer un remède contre la maladie d'Alzheimer, dont est atteint son père. Malheureusement, le jour de la présentation officielle aux autorités de son laboratoire, la chimpanzé avec laquelle il travaille développe un comportement extrêmement agressif, à tel point qu'un agent de sécurité l'abat pour l'empêcher de ravager les locaux. Le laboratoire décide donc d'arrêter immédiatement les recherches sur le ALZ-112 et d'euthanasier tous les chimpanzés ayant servi à ces recherches.

En réalité, l'agressivité de la chimpanzé était dûe au fait qu'elle venait de mettre au monde un petit, caché dans sa cage. Le collègue chargé de piquer tous les singes du laboratoire refusant de tuer aussi le petit, Will Rodman rentre chez lui avec. Pendant trois ans, il va donc vivre avec son père et son chimpanzé, qu'il appelle César et qui fait preuve d'une intelligence vraiment hors du commun, le rétrovirus utilisé sur sa mère semblant s'être transmis à son organisme pendant la gestation. Face à la dégradation de l'état de son père, Will décide même d'utiliser le ALZ-112 sur lui et, miracle, le vieux monsieur retrouve toute sa tête. (En une nuit. Mais passons.)


Malheureusement, à terme, son organisme apprend à lutter contre ce rétrovirus, qui n'a plus d'effet. Le père de Will sombre à nouveau, et, un jour fatidique, il s'attire les foudres du voisin dont il a ruiné la voiture. César intervient pour le défendre et blesse le voisin. Il est immédiatement "interné" par les autorités dans un refuge pour primates. Désespéré par le fait qu'on lui ait retiré son singe et que son père soit de nouveau malade, Will développe un nouveau rétrovirus, le ALZ-113, mais son père meurt après avoir accepté son sort et refusé ce nouveau traitement.

De son côté, César, d'abord traumatisé par son nouvel environnement, prend peu à peu le contrôle des singes du refuge et, après avoir trouvé le moyen d'en sortir et avoir volé du ALZ-113 dans la maison de Will, il asperge ses camarades de ce nouveau produit. Il se retrouve ainsi à la tête d'un assez grand nombre de singes ultra-intelligents.


D'une manière générale, les deux premiers tiers du film sont bien menés et proposent un bon équilibre entre l'aspect sentimental de la relation de Will avec son père et l'apprentissage de César, qui comprend peu à peu qu'il n'est pas vraiment l'égal des humains. Même lorsque les choses accélèrent et que César est prisonnier dans son refuge, le film reste bon (c'est même là que se trouvent les plans les plus spectaculaires). 

Malheureusement, dans le dernier tiers, les choses se dégradent. Car, à partir du moment où César et les autres prisonniers s'évadent du refuge pour primates, on tombe dans le film d'action de mauvaise qualité. Les incohérences se multiplient à un rythme vraiment déroutant: la circulation incompréhensible sur le pont de San Francisco, les singes intelligents qui se multiplient à la sortie du zoo (alors que les singes du zoo devraient être des singes tout à fait normaux), les orang-outans qui sont brusquement des dizaines sortis on ne sait d'où, des gorilles qui se baladent alors qu'il n'y a officiellement qu'un seul gorille dans la bande, des personnages dont la caméra tait la présence alors qu'ils étaient là deux secondes plus tôt... Bref. Une dégringolade navrante.

Ceci étant dit, passons à ce qui m'a vraiment marquée!

1. Les origines est le premier film dans lequel les singes sont réalisés en images de synthèse, ce qui le rend assez époustouflant. Weta Digital, la société qui a réalisé Avatar, et Andy Serkis, qui joue César, ont réussi un travail extrêmement détaillé et réaliste sur César. Les fourrures des singes sont à tomber, mais c'est surtout la variété et la profondeur des expressions du visage qui sont bluffantes. Comme quoi l'ère post-Avatar peut encore réserver de bonnes surprises. :) L'orang-outan du refuge a juste l'air VRAI!


2. Les humains sont présentés de manière plutôt négative car ils représentent nos grands travers: Will est un scientifique prêt à tout pour sauver son père (au mépris des règles de sécurité les plus basiques), le gardien du refuge est un petit merdeux qui s'amuse à faire peur aux singes pour se prouver qu'il est un homme, le patron de Will est complètement aveuglé par l'appât du gain... Seule la petite amie de Will, jouée par Freida Pinto, a vraiment la tête sur les épaules et le sens des réalités. Si on peut critiquer ces personnages comme simplistes, il me semble plutôt qu'ils jouent un rôle symbolique.


3. Les origines propose une explication très différente de celle de la saga d'origine à la prise de pouvoir des singes. Pour rappel, dans les films des années soixante et soixante-dix, nous avons affaire à une boucle temporelle: Zira et Cornélius s'échappent de la planète Terre dans un lointain avenir où celle-ci est dominée par les singes, débarquent au XXème siècle, se font abattre et laissent derrière eux leur petit César, qui, étant génétiquement un singe du futur, est plus intelligent que les singes esclaves du XXème et les aide à se libérer de leurs chaînes (acquises lorsqu'ils ont remplacé les chats et les chiens disparus comme animaux domestiques). On voit bien que c'est un serpent qui se mange la queue (ou un œuf à côté d'une poule): le futur influe le présent et s'auto-crée.

Ici, pas de voyage temporel. Il y a certes un petit clin d’œil à un vaisseau perdu dans l'espace, mais c'est tout. L'explication proposée au soulèvement des singes est purement scientifique (enfin, purement scientifique au sens où l'entend Hollywood, car je suis bien consciente que toute cette histoire de rétrovirus soignant Alzheimer en une nuit est totalement invraisemblable.....): ces singes ultra-intelligents sont le résultat d'expériences scientifiques, d'abord suite aux effets du ALZ-112 sur César dans le ventre de sa mère, ensuite grâce aux effets du ALZ-113 sur tous les singes du refuge.

4. [Un point évident mais qu'il me semble juste de rappeler.] Les temps changent et les peurs collectives aussi. Cette histoire de rétrovirus développé en laboratoire sans trop de règles de sécurité et provoquant finalement la destruction de l'espèce qu'il était censé soigner (puisque le ALZ-113, j'ai oublié de le préciser, rend les singes hyper malins mais tue les êtres humains) est au spectateur des années 2010 ce que le nucléaire était à celui des années soixante. Outre le fait qu'il exclue le voyage dans le temps comme cause du soulèvement des singes, il joue sur ce dont nous soupçonnons l'existence sans bien comprendre de quoi il s'agit. Même si, à mon avis, les gens étaient bien plus flippés par le nucléaire il y a quarante ans que nous ne le sommes maintenant par les scientifiques fous.

5. Le film comporte plusieurs références sympathiques à ses prédécesseurs. J'en ai relevé certaines et Wikipédia m'en a révélées d'autres. La plus émouvante est bien sûr le fait que la mère de César est abattue par balle, comme Zira dans Les Évadés de la planète des singes.

6. La traduction française de ce titre est à mon avis une erreur. Étant donné que le titre anglais (Rise of the Planet of the Apes) respecte la structure de tous les films précédents (Beneath the Planet of the Apes, Battle for the Planet of the Apes etc.) et que cette structure a été respectée dans les titres français correspondants (Le Secret de la planète des singes, La Bataille de la planète des singes etc.), il fallait trouver une solution sur le même modèle, ne serait-ce qu'un banalissime "Les Origines de la planète des singes". Mais PAS "La Planète des singes" + "deux points" + "les origines", DAMNATION.

Conclusion
J'ai plus apprécié ce film en DVD qu'au cinéma, peut-être parce que j'en attendais trop à l'époque et que j'avais donc été déçue par sa relative absence de réflexion. Car il faut dire que ce n'est pas un film incitant tellement le spectateur à penser... Les éléments sont bien là, mais ils ne sont pas suffisamment exploités pour qu'on revienne à la réalité avec les cheveux dressés sur la tête. Il s'agit moins d'un film de divertissement pur comme celui de Tim Burton, mais on n'atteint pas non plus le niveau des vieux films d'un point de vue "intellectuel". En fait je crois que c'est un bon film des années 2010. Pas un chef d'oeuvre, mais néanmoins un film à voir parce qu'il a du bon, et même beaucoup de bon.

Conclusion générale et temporaire sur la saga
J'ai vraiment adoré cette plongée chez les singes, et c'est donc avec plaisir et presque soulagement que j'attends Dawn of the Planet of the Apes (en français La Planète des singes: l'affrontement, ppppfffffffff) (c'est la mode Twilight qui fait encore des dégâts ça?) cet été (et sa suite prévue pour 2016). D'autant plus que la bande-annonce est juste... à tomber.


I need to speak to Ceasar.

PUTAIN.

4 commentaires:

  1. Tu auras vraiment tout vu de la Planète des Singes ^^

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  2. Belle analyse ! Pour le point 6; c'est malheureusement le cas de beaucoup de films. Dernier en date pour moi, Saving Mr Banks traduit en Dans l'ombre de Mary. Le titre anglais a clairement un sens par rapport au film, le titre français est dénué de toute signification symbolique et de ce fait est plat.

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    1. Mais ouiiii. C'est horriiiiiible. Ce titre-là est d'autant plus rageant que l'ajout de "La promesse de Walt Disney" le rend CULCUL!!! BAAAH!!!

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