J'ai découvert Jules Verne assez tard, à quasiment trente ans je crois, mais j'apprécie énormément cet écrivain aussi drôle qu'intelligent. Comme je le dis à chaque fois, lire Verne est toujours un plaisir! Je voulais lire Les Enfants du capitaine Grant afin de donner suite à ma dernière lecture en date, L'île mystérieuse. Au moment de rédiger ce billet, je réalise avec horreur que cela fait déjà deux ans que j'ai lu ce roman-là, ma chronique datant d'avril 2016! 😱J'étais persuadée de l'avoir lu en 2017...
L'avantage d'être à la ramasse, c'est que j'avais totalement oublié les évènements des Enfants du capitaine Grant qui sont largement racontés dans L'Île mystérieuse, les deux romans étant liés, et que j'ai donc pu savourer ce roman en toute "ignorance de cause" si je puis dire. ^^
Les Enfants du capitaine Grant, c'est donc l'histoire d'une expédition partie à la recherche du capitaine Grant. Tout commence avec une bouteille à la mer retrouvée par un riche Écossais, Lord Glenervan. Le capitaine Grant a fait naufrage par 37° de latitude. On ignore la longitude, mais qu'importe! Lord Glenervan possède un superbe yacht à vapeur, le Duncan, et fera le tour du monde, s'il le faut, pourvu de retrouver ce vaillant capitaine et de soulager le cœur rongé d'inquiétude de ses deux enfants, Mary et Robert. Avec lui embarquent sa femme Lady Glenarvan, le major McNabbs qui ne prend jamais position en faveur ou contre quoi que ce soit, le capitaine John Mangles et le géographe français Plaganel, un personnage érudit, loufoque, distrait et franchement inénarrable que j'ai adoré. Ils traverseront l'Amérique du Sud, l'Atlantique, l'océan Indien, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Pacifique à la recherche de la moindre trace du naufrage. Un véritable tour du monde (mais en décidément plus de 80 jours ^^) qui regorge d'aventures, d'animaux exotiques, de dangers, de trahisons, de données historiques, géologiques et culturelles, de noblesse, de bons sentiments, d'amitié et d'amour, le tout pour le plus grand plaisir du lecteur.
Franchement, la seule critique réelle qu'on peut faire à ce livre, c'est l'accumulation de difficultés qui sent parfois l'artificiel. Par exemple, j'ai trouvé qu'il n'était pas nécessaire que nos héros soient menacés par un incendie dans la première partie alors qu'ils avaient déjà subi une avalanche et une inondation. 😂
Par ailleurs, il faut dire que le roman est largement daté. La vision des indigènes d'Amérique du Sud, d'Australie et de Nouvelle-Zélande est complètement dépassée puisque Verne les qualifie carrément de sauvages et place les maoris sur un plan à peine supérieur à celui du fauve (avec force considérations sur leur cruauté et leur immense appétit pour la chair humaine). Ça pique les yeux mais c'est l'époque qui veut ça. Quelque part, c'est même intéressant de voir qu'un homme aussi érudit était tellement à côté de la plaque sur le plan anthropologique. La vision de la femme est aussi datée. Mary Grant et Lady Glenervan sont des personnages positifs mais très en retrait (et il faut bien prendre soin d'elles car elles sont plus sensibles et faibles que les hommes, lol).
Mais au-delà de ces deux réserves (la première qui relève plutôt du pinaillage, la deuxième qu'il convient de remettre dans son contexte historique), Les Enfants du capitaine Grant m'a fait passer un excellent moment au retour de vacances. J'avais l'impression d'être encore un peu ailleurs tout en étant chez moi et c'était du bonheur. En outre, j'apprécie énormément la foi de Verne envers le progrès et la raison; c'est une vision un peu naïve peut-être, mais c'est aussi la mienne (et celle de Clarke par exemple). Et j'aime voir ces personnages posés, droits dans leurs bottes, qui savent faire la part des choses sans perdre la tête et se serrent les coudes sans jamais perdre de vue ce qui est Juste et Bien et Honnête. Et puis les illustrations originales de l'édition Hetzel se prêtent merveilleusement bien au voyage, comme d'habitude.
Avec ses 909 pages, ce roman me permet aussi d'ajouter une quatrième participation au challenge du Pavé de l'été de Brize!
Pour info, je recommande de lire les trois livres de Verne liés entre eux dans leur ordre de publication, à savoir Les Enfants du capitaine Grant (sorti en volume en 1868), puis Vingt-mille lieues sous les mers (sorti en volume en 1871) et enfin L'Île mystérieuse (sorti en volume en 1875).
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