Je vous parle aujourd'hui d'un ouvrage qui m'a été prêté par une amie. Apparemment, on a eu une conversation sur le fait de trop penser cet été, mais je n'en ai aucun souvenir. 😂
Christel Petitcolin est "Conseil et Formatrice en communication et développement personnel" (je cite la quatrième de couverture, majuscules superflues comprises 😜). Dans sa pratique, elle a rencontré de nombreuses personnes faisant preuve d'hyperefficience mentale et elle a écrit ce livre pour les aider à mieux se comprendre et mieux gérer leur vie.
Pour elle, l'hyperefficience mentale est une tendance caractérisée par la suprématie du cerveau droit. Le surefficient mental fait preuve d'hyperesthésie, c'est-à-dire qu'il est extrêmement sensible aux stimulus sensoriels (il prête attention aux odeurs, il est gêné par la musique forte...), d'hypersensibilité (réactions exacerbées aux interactions sociales), d'hyperaffectivité et d'hyperempathie. Il peut aussi avoir des problèmes de gestion du stress en raison de l'hypervigilance de son cerveau, mais je n'ai plus cet aspect-là en tête (et je n'ai pas envie de relire le chapitre concerné...).
"Le cerveau droit vit l'instant présent. Il privilégie l'information sensorielle, l'intuition et même l'instinct. Il perçoit les choses de façon globale et peut restituer un ensemble à partir d'un seul élément, même mineur. [...] Sa pensée en arborescence est foisonnante et lui donne accès à la pluralité des solutions. Affectif, émotionnel, donc irrationnel, il se sent appartenir à la famille humaine et même au monde du vivant."
Le cerveau droit a aussi une soif d'absolu qui le porte à faire preuve d'un certain idéalisme, voire d'un idéalisme certain, et applique un système de valeurs très rigide, ce qui en fait une proie idéale pour les manipulateurs...
Bon. J'ai entamé ce livre avec un apriori négatif envers son autrice à cause du titre. "Je pense trop", c'est une critique. C'est quelque chose de négatif. "Être surefficient mental", en revanche, c'est quelque chose de positif. Il y a "sur" et "efficience" dedans. Ça veut dire que vous pensez plus que les autres. Vous voyez le tour de passe-passe? Vous ne pense plus trop, vous pensez plusss. Vous n'avez plus un handicap, mais un atout. Et ça, c'est super flatteur pour le client... Il vient avec un problème et vous lui expliquez que pas du tout, il n'a pas un problème, il est extraordinaire. (Et encore, l'autrice utilise le terme de surefficience, qui est pragmatique, et pas le terme "surdoué", qui est, je crois, obsolète.)
Par ailleurs, la liste des traits des surefficients mentaux m'a semblé tellement large que n'importe qui peut s'y retrouver. Moi, par exemple, j'ai tous les traits que j'ai cités ci-dessus (hyperempathie, hyperaffectivité, etc.), à l'exception de la pensée en arborescence. Vous ne dormez pas la nuit parce que votre cerveau tourne à toute allure? C'est une marque d'hyperefficience mentale. Vous n'arrivez pas à structurer votre exposé d'histoire-géo parce que vous vous éparpillez sur plein de pistes différentes? C'est une marque d'hyperefficience mentale. Vous ne dites jamais non quand on vous demande un service? C'est une marque d'hyperefficience mentale...
Enfin, la description des "normopensants", à savoir les gens dominés par le cerveau gauche, en fait des êtres bornés, qui ne s'intéressent à peu près à rien et n'éprouvent pas de sentiments forts. Ils se contentent de ce qu'ils ont (ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, si je force le trait), ils sont très contents d'eux-mêmes et ils avancent péniblement d'une idée à l'autre, là où le surefficient mental a déjà traité mille informations dans toutes les directions...
Bon.
Ce que je viens de vous dire, c'est tout le mal que j'ai pensé de ce livre. Ajoutez-y que, après l'avoir terminé, j'ai visité le site de l'éditeur et découvert qu'il publie des témoignages sur les anges et des manuels de numérologie (🙃🙃🙃), et vous comprendrez que j'éprouve un certain scepticisme.
Toutefois, étant donné que j'ai un système de valeurs très rigide (ce qui, je le rappelle, peut être une marque d'hyperefficience mentale!), je dois aussi valoriser ce qui est à valoriser dans ce bouquin. Car je pense qu'il y a vraiment quelque chose à creuser dans cette histoire de cerveau dominant et dans les manières différentes dont les gens fonctionnent et appréhendent le monde. Tout le monde ne pense pas de la même manière, il peut être très difficile de ne pas être dans la norme et il est enrichissant pour tout le monde de prendre conscience de cette variété et de ces difficultés. Si les traits que je résume ici vous parlent, ce livre pourrait vous aider à y voir plus clair. Il est même structuré de façon très intelligente (deux parties descriptives sur l'organisation mentale et la personnalité et une partie sur la vie une fois ce trait connu). Je pense que ça peut être utile pour quelqu'un qui a eu des difficultés à s'adapter au système scolaire, par exemple. Ou bien pour les femmes, tout simplement. Il n'est pas impossible que j'aie une vision excessivement genrée du monde occidental, mais l'hyperefficient décrit ici me semble bien correspondre aux trois quarts des femmes que je connais (pas parce que leur cerveau fonctionne différemment de celui des hommes, évidemment, mais parce qu'on les a élevées et formatées d'une certaine manière tout au long de leur vie).
Enfin, la page sur l'estime de soi m'a permis de constater que je dispose d'une solide estime de moi, ce qui est ma foi fort agréable à découvrir, même si je ne prends pas les propos de l'autrice pour argent comptant!