Au cinéma, l'année 2024 a commencé sur les chapeaux de roue: huit séances, et que du bon! Un exploit quantitatif que je n'ai pas accompli depuis longtemps et un régal qualitatif. Notons une forte présence de la production française, avec trois films aussi différents que faire se peut mais très réussis.
Sur petit écran
Pas de film.
Sur grand écran
Winter Break d'Alexander Payne (2023)
Une belle comédie humaine sur un vieil enseignant aigri et un lycéen un peu paumé. L'évolution des personnages a quelque chose de classique, mais le film est porté par un décor fort sympathique – un lycée de riches sur la côte est des États-Unis – et un Paul Giamatti irrésistible en vieux schnock plein de formules assassines ("vous êtes le cancer du pénis fait homme" 🤣🤣🤣). J'ai adoré.
Les trois mousquetaires. Milady de Martin Bourboulon (2023)
J'avais déjà vu ce film en décembre, et ce deuxième visionnage en compagnie d'un groupe d'amis a été très plaisant. Il y a décidément quelques scènes très réussies (la vue de la colonne de soldats marchant vers la Rochelle quand Athos prend d'Artagnan sur son cheval; Athos marchant vers le pilori sur la plage). Connaissant la fin, j'ai prêté plus attention à quelques détails qui permettent à l'intrigue de progresser et j'ai trouvé ce scénario pas mal du tout, d'autant plus qu'il réussit à unir plusieurs intrigues et situations en une durée relativement resserrée (1h55).
Le Monde de Charlie de Stephen Chbosky (2012)
J'ai revu avec plaisir ce film qui était en tête de mon bilan cinéma 2013 et dont je gardais un souvenir émerveillé (quelle satisfaction de le voir aujourd'hui rejoindre la sélection UGC Culte! 🤩). Je l'ai moins apprécié cette fois-ci, l'ayant trouvé un peu propret, avec l'éternel contexte des gosses de riches qui vivent dans des maisons-palaces et sont tous très beaux et un peu lisses malgré les efforts de caractérisation. Mais il brasse beaucoup de thèmes avec justesse et réconforte bien la pauvre ado paumé qui traîne au fond de moi. "I can see it. The one moment you realize you're not a sad story." ❤
À noter: j'ai aussi beaucoup aimé le roman dont est tiré ce film, mais j'avais totalement oublié que le réalisateur était aussi l'auteur et s'adaptait donc lui-même!
Le Règne animal de Thomas Cailley (2023)
Une sacrée claque, une petite merveille visuelle et humaine pleine de sujets graves, d'émotions et d'humanité, avec des acteurs tous très bons, au premier rang desquels Paul Kircher qui joue un rôle pas facile du tout (mais j'ai aussi beaucoup aimé Romain Duris, que j'ai beaucoup aimé en Aramis dans Les Trois Mousquetaires, et Adèle Exarchopoulos que je n'avais jamais vue et que j'ai retrouvée lors de ma séance suivante). J'ai adoré, qu'est-ce que j'ai bien fait d'aller le voir (et quel dommage que je ne l'aie pas vu en 2023: il aurait clairement été en tête de mon top de l'année!!).
Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry (2023)
Un film sur la justice restaurative, qui consiste à mettre en contact des victimes et des agresseurs, soit en face à face soit au sein d'un groupe de parole (et sans forcément qu'il s'agisse des couples victime-agresseur: les groupes de paroles réunissent des gens qui n'ont pas de lien direct entre eux). Une démarche à mi-chemin entre la séance de psychologie et l'accompagnement social, en somme. C'était une pure merveille, un bel hommage à tous les gens qui se démènent pour créer du lien social, pour remettre de l'humanité dans des situations affreuses et pour ALLER VERS L'AUTRE. J'en suis sortie enthousiaste et remuée à la fois. Bravo, bravo. Ici aussi, quel dommage que je ne l'aie pas vu en 2023, car il aurait été dans mon top de l'année.
L'Armée des douze singes de Terry Gilliam (1995)
Ce regard lumineux... 😅
Un excellent rattrapage pour ce film que je n'avais jamais vu. Je n'ai pas vraiment aimé, d'une part parce que ça parle de voyage dans le temps (même si d'une manière que je trouve à peu près compréhensible) et d'autre part parce que beaucoup de plans sont filmés en diagonale ou d'en bas, ce que je n'aime pas. J'ai aussi trouvé que le personnage féminin se convertissait à l'idée du voyage dans le temps de manière très radicale (le cheminement est compréhensible; son enthousiasme, moins) et que le personnage masculin était très mou. Mais c'est clairement un film parfaitement maîtrisé et très prenant, et il faut le voir juste pour Brad Pitt!!! 😱🤣
Godzilla Minus One de Takashi Yamazaki (2023)
Un film de monstres très réussi, avec un Godzilla balèze et dangereux à souhait et une Tokyo ravagée par la Seconde Guerre mondiale – à côté, l'Ukraine est en bon état. 🤯 Les thématiques propres au Japon sont nombreuses: échec de la guerre, pertes de proches, reconstruction sans armée sous la tutelle des États-Unis, et, bien sûr, menace nucléaire. La fin est trop heureuse à mon goût, mais j'ai a-do-ré. Quelle chance qu'il soit ressorti après sa première diffusion en décembre et que mon cinéma l'ait programmé. Si je l'avais vu en 2023, il aurait terminé dans mon top de l'année, lui aussi!
The Iron Claw de Sean Durkin (2023)
Un film de catch qui m'a fortement rappelé Foxcatcher de Bennett Miller (mon avis de l'époque ici): dans les deux cas, un acteur révélé par des films gentillets – des films de danse pour Channing Tatum, High School Musical pour Zac Efron – se retrouve avec un rôle ultraphysique de lutteur dans un film qui respire tout sauf la sérénité. 😅 Ce film-ci retrace le parcours des quatre frères Von Erich, fils d'un catcheur et catcheurs eux-mêmes, célèbres durant les années quatre-vingt mais fauchés les uns après les autres par différents malheurs. Le principal malheur est justement leur papa catcheur, obsédé par l'idée de faire d'au moins l'un d'eux un champion du monde poids lourds. Le film décrit clairement un phénomène d'emprise, avec ce père tout-puissant à qui on obéit sans discuter. Ce n'est pas gai, mais il y a des passages entraînants et il s'en dégage une lueur d'espoir tout de même. J'ai l'habitude du catch car mon copain en regarde quotidiennement, mais je reste impressionnée par ce sport de dingues et complètement hors-normes – et donc par les acteurs, comme Zac Efron, qui se soumettent à un entraînement suffisant pour jouer un catcheur de manière réaliste. C'est totalement fou.
Du côté des séries
J'avance tranquillement la saison 3 de Dinosaures.
Et le reste
J'ai terminé le numéro 44 de la revue Équivalences, sorti en 2017 et consacré à la traduction théâtrale, que j'avais entamé en décembre. Je n'ai aucun intérêt personnel pour le théâtre, mais on m'a gentiment offert un exemplaire à la dernière assemblée générale de l'Association des traducteurs littéraires de France. C'était très intéressant. Parfois, les traducteurs qui causent de traductologie adooorent sortir des mots et des phrases pompeux et donnent surtout l'impression de se prendre trop au sérieux; mais dans l'ensemble, tous les traducteurs et traductrices ont partagé des expériences très intéressantes (traduire Shakespeare au Québec quand le Québec lutte pour son indépendance, c'est toute une histoire politique, par exemple!).
Dans la foulée, j'ai lu le dernier numéro de Translittérature, la revue de l'Association des traducteurs littéraires de France. Un numéro double qui marquait les cinquante ans de l'association. Avec des interviews et articles passionnants (Olivier Mannoni!! Corinna Gepner!! Peggy Rolland!! Jonathan Seror!!), il m'a mis dans un état d'enthousiasme encore plus marqué que d'habitude. Nous avons de la chance d'avoir l'ATLF et des bénévoles aussi motivés, qui donnent de leur temps pour défendre la profession. Le combat continue (et s'annonce plus violent que jamais à l'ère de la traduction automatique), mais le bilan de ces cinquante années montre que l'ATLF est bien là! 💪💪
Et sinon, j'ai lu deux Cheval Magazine: le numéro de janvier, que je n'avais pas pu lire fin décembre, et le numéro de février.