Le recueil Fournaise comprend douze nouvelles de Livia
Llewellyn, autrice américaine d’horreur, publiées dans diverses revues et
réunies en 2016. Le recueil est toutefois plus long dans sa version américaine,
Furnace; Dystopia Workshop en propose ici une sélection, traduite de l’anglais
par Anne-Sylvie Homassel, à qui je tire mon chapeau.
Avec sa langue riche et son univers retors, malsain et
fortement sexualisé, Livia Llewellyn avait a priori tout pour me séduire.
Hélas, ma lecture a été laborieuse et insatisfaisante. Sur le plan du style,
c’est beau, certes; c’est recherché, c’est travaillé. Mais ça m'a surtout paru pompeux et grandiloquent, avec de temps à autre des mots improbables, qui
semblent jetés là pour montrer que l’autrice les connaît. Quant à la
progression des récits, je l’ai trouvée floue et lente. En gros, je n’ai pas
compris grand-chose à la plupart des nouvelles et j’ai dû relire de nombreux
paragraphes deux fois pour essayer de m’expliquer pourquoi le personnage avait
agi de telle manière ou ce qu’il lui était arrivé.
"Tu n'as entendu parler de ces faubourgs qu’en apprenant à énoncer les questions comme si elles étaient flocons tombant des cieux – questions que tu ne peux contrôler et dont, du reste, tu ne te soucies pas. Questions de celles qui trouvent enfin leur réponse dans le passage du temps: par le truchement d’ongles ébréchés creusant la surface jaunie du plan d’un métro depuis longtemps aboli, de mots tirés des veines du sang qui coule d’une plaie en pleine floraison, de grognements entendus de l’autre côté de la porte de la salle de bain, en écho à des nombres, à des noms."
Extrait de Panopticon – si vous avez compris de
quelles questions on parle, merci de m’éclairer 😅 C’est la deuxième partie du premier paragraphe
de la nouvelle, donc on n’a guère de contexte pour l’instant.
Entendons-nous: je pense que Livia LLewellyn laisse
beaucoup de choses en suspens exprès. Ce n’est pas le genre d’histoire
avec une réponse claire, où l’on vous dit nettement "un tel est mort et
oui, la créature qu’il a vue était un monstre" ou "un tel a survécu
et non, la créature qu’il a vue n’était qu’une hallucination". Néanmoins,
j’ai trouvé qu’on manquait de clarté… Avec ses phrases déstructurées, L’amour
n’aura point d’empire m’a même paru pratiquement illisible (ça a dû être un
vrai défi à traduire, d’ailleurs, d’où mon estime pour la consœur qui s’en est
chargée!).
J’ai aussi été gênée par une forte composante sexuelle très
crue, parfois en décalage avec le ton du reste du texte (tout est très
recherché et, soudain, une "bite" apparaît) et parfois très
violente (Dernier été dans la pureté et la lumière démarrait bien avec
son journal intime d’adolescente confrontée à une tradition familiale
extrêmement étrange, puis il a fallu que [attention, divulgâcheur obscène
susceptible de choquer les lecteurs sensibles] ladite adolescente soit, en
compagnie de nombreuses autres femmes, violée par une créature inhumaine sous
les yeux des hommes de la famille, qui savourent le spectacle du viol collectif
en se masturbant [fin du divulgâcheur obscène susceptible de choquer les
lecteurs sensibles] 👀).
J’ai bien aimé Stabilimentum, avec ses araignées qui
reviennent inlassablement dans la salle de bain d’une locataire désemparée, et
j’ai apprécié À toi le droit de commencer, qui fait référence à Dracula (mais qui
m’a tout de même semblée bien vaine une fois la dernière ligne lue). J’ai aussi
apprécié certains éléments de Allochton, qui parle du lent pétage de plombs
d’une femme au foyer dans des États-Unis de carte postale des années trente, et
j’ai bien réussi à suivre l’intrigue de Cinereus même si je n’ai pas bien
compris ce que ce texte avait à nous dire. Pour le reste, c’est plutôt raté…
Je suis un peu déçue de moi-même vis-à-vis de ce recueil,
car, en soi, si vous me dites "langue riche + horreur dérangeante +
mystère", j’adhère totalement. Il faut croire que Livia Llewellyn est
allée trop loin pour moi!
Je remercie chaleureusement Xavier de la librairie Scylla, qui m’a proposé de m’envoyer ce recueil. Même si la rencontre n’a pas été satisfaisante, c’était génial de le découvrir et le livre est un petit bijou avec son papier épais et sa superbe couverture de Stéphaner Perger! (Cela dit, à l’image des textes, je ne comprends pas ce que cette couverture est censée représenter 😂 – une flamme, certes, mais avec une forme suffisamment anormale pour qu’on soit censé y voir autre chose, non? Ou bien je me pose trop de questions?)
"si vous avez compris de quelles questions on parle, merci de m’éclairer " la question je sais pas mais la réponse est 42🤣
RépondreSupprimerBon ça m'attriste un peu tout ce que tu dis car j'avais très envie de lire ce recueil et là soudainement, je suis refroidie (sans mauvais jeu de mots)(si tout à fait). Bon de toute façon je n'ai pas le temps mais il me faudra lire l'une ou l'autre chronique, positive pour voir ce que les gens qui ont aimé en disent, avant de me décider alors que là j'aurais pu l'acheter les yeux fermés (si j'avais le temps).
@Tigger Lilly: Lol! Excellente réponse!! 🤩🤩
SupprimerAh c'est marrant, je ne pensais pas que ça t'intéresserait. Je peux toujours te le prêter pour que tu lises un texte ou deux et que tu prennes ta décision en conséquence.
Je comprends très bien ton ressenti, j'ai l'impression de me voir quand je tente un recueil de nouvelles fantastico-horrifiques. 😅
RépondreSupprimerPas besoin de préciser que je ne suis pas chaud pour le lire. Et ce n'est pas le divulgacheur qui va me faire changer d'avis. 😱
@Baroona: Mais! Mais! Mais! Pourquoi l'as-tu lu? 🤯 J'ai écrit "attention", "obscène" et "pouvant choquer" exprès pour éviter ça!!! (De ta part et de la part d'autres gens!)
SupprimerMais c'est trop tentant voyons ! Bon, en vrai ma réaction c'est plus 🤔 que 😱 tellement c'est improbable.
Supprimer@Baroona: Tu me rassures ^^
SupprimerJ'avais envie et pas envie de le lire celui-là, du coup je vais moins me presser ^^
RépondreSupprimer@Vert: Je ne te vois pas du tout le lire, mais je ne me serais pas non plus attendue à le voir susciter l'intérêt de Tigger Lilly, alors je ne sais plus ^^
SupprimerC'est parce qu'on aime bien ce que fait Dystopia, usuellement ^^
Supprimer@Tigger Lilly: Ah bah oui, bien sûr 😊
SupprimerDe base je n'étais pas intéressée, mais là je le suis encore moins, merci :D
RépondreSupprimer@Shaya: Ah, là ton manque d'intérêt ne m'étonne pas, ravie d'avoir confirmé :D
SupprimerDommage, j'aime bien les recueils Dystopia et là, ça me semble pas mal trash (cet extrait! ^^).
RépondreSupprimerAprès qui sait, au hasard d'une découverte de certains textes, ça peut se tenter...
Marrant, perso je ne vois pas du tout de flamme. Je vois des bois d'un cerf et au dessus, quelque chose dans une enveloppe...
@Ite: Ahah trop fort. Une chrysalide, peut-être? Et oui, d'accord avec toi pour les bois de cerf, j'ai oublié de les mentionner ^^
Supprimer