vendredi 30 août 2024

La Nuit des Temps (1968)

Chronique express!

Après avoir découvert avec enthousiasme Ravage au printemps dernier, j'avais très envie de continuer à lire du René Barjavel. Je me suis donc tournée vers un autre de ses romans les plus célèbres: La Nuit des Temps. Hélas, l'enthousiasme a été moindre. Cela est dû, en partie, au fait que je n'ai pas retrouvé la langue très élégante que j'avais adorée dans Ravage, de la vraie belle littérature. Mais cela est aussi dû à des raisons plus vagues, que je suis en peine d'expliquer. Je me suis moins intéressée à l'histoire et aux personnages, les enjeux m'ont moins tenue en haleine… Je ne peux pas lui reprocher quelque chose de précis en particulier, mais voilà, ça a moins pris.

Alors, en toute objectivité, j'ai pris du plaisir à le lire, et j'y ai trouvé beaucoup de bonnes choses. Une technophobie nettement moins marquée que dans Ravage, déjà, où ça prenait des proportions insensées. Une métaphore pas du tout dissimulée de la bombe atomique, qui est vivement critiquée. Le message était puissant en pleine Guerre Froide, mais il reste d'actualité aujourd'hui, quand on pense au nombre d'ogives nucléaires qui demeurent. La société que découvrent les protagonistes  a quelque chose d'utopique, qui tourne au cauchemar quand on essaye d'en sortir; certains passages résonnent avec les problématiques de la surveillance de masse. Un contexte fascinant qui pose plein de difficultés: l'Antarctique, où se cachent les vestiges d'une société bien plus avancée que la nôtre, mais où on est loin de tout. Une collaboration bienvenue entre scientifiques de tous les pays, couplée à une critique acerbe de l'impérialisme et des luttes de pouvoir. Même le sexisme ambiant, moins marqué que dans Ravage mais bien présent (le nombre de commentaires sur les seins d'Éléa, l'Américain qui met la main aux fesses de la Russe… 🙃), pourrait être tempéré par le fait que [énorme divulgâcheur] le fond de l'histoire est la lutte d'une femme pour disposer de son corps et de sa vie [fin du divulgâcheur]. En fait, je pense que Ravage est tellement oufissime que La Nuit des Temps a beau être pertinent, il pâlit un peu en comparaison! Je pense que je lirai tout de même L'Enchanteur à l'occasion, car Méli du Bazar de la Littérature en disait beaucoup de bien...

Allez donc voir ailleurs si cette nuit y est!
L'avis de Grominou: première partie et deuxième partie

dimanche 25 août 2024

Les Amours enfantines (1932)

Chronique express!

Après Le 6 octobre et Crime de Quinette, place au troisième tome de l'incroyable fresque des Hommes de bonne volonté de Jules Romains!! J'ai mis des semaines à me décider à ouvrir mon pavé, puis des jours à dépasser les deux premières pages, car je ne comprenais rien à ce que je lisais à cause de la fatigue. Puis, miracle, j'ai pu y consacrer un peu de temps et mon cerveau s'est remis en marche. Et c'était génial!! Dans ce tome, on suit surtout Jallez et Jerphanion, les deux Normaliens. En racontant un amour de jeunesse, Jallez justifie le titre du roman. Jerphanion, lui, nous fait entrer chez les Saint-Papoul, une famille noble auprès de laquelle il donne les leçons. Les Saint-Papoul ont un chien, Macaire, qui sera sans doute important sur le long terme, car il est cité en quatrième de couverture. Une autre famille noble, les Champcenais, est beaucoup mise en avant, en partie pour les aventures de Madame, et en partie parce que Monsieur fait partie du cartel des pétroliers déterminé à circonscrire les actions du député Gurau… Gurau que j'adore, pour l'instant, et qui nous fait rencontrer Jean Jaurès, qui semble plus grand que nature et absolument enthousiasmant. On voit assez peu Quinette, le relieur criminel, et pas du tout la femme triste qui a fait relier son livre dans le premier tome – le personnage que je souhaite le plus revoir.

Je suis absolument ébahie par les ramifications de cette série, les rapports entre personnages, les retours parfois microscopiques d'un personnage qui a eu tout un chapitre dans le tome précédent ou le précédent encore. J'ai l'impression que c'est encore plus dense que les Rougon-Macquart, plutôt genre les bouquins russes comme Guerre et paix!! Un truc de malades!!

lundi 19 août 2024

Redshirts (2012)

Chronique express!

(Cette tagline 😂 Je me meurs 😂)

Avalanche de miracles en ce mois d'aoüt! Non seulement une librairie anglophone a ouvert non loin de chez moi, mais il y avait du John Scalzi en rayon quand je suis passée! 🖤🖤 Et plus précisément Redshirts, un roman-clin d'œil à Star Trek que je voulais lire depuis longtemps. Et encore plus miraculeux: j'ai réussi à me plonger dans la lecture!! Je l'ai lu en quelques jours, et avec un réel plaisir – même si j'ai préféré la première partie, la suite étant un peu trop méta pour mes goûts (mais très bien quand même).

L'histoire: Andrew Dahl fait ses premiers pas sur l'Intrepid, le vaisseau le plus avancé de la flotte de l'Union Universelle. Mais il ne tarde pas à se rendre compte qu'il se passe des choses bizarres à bord. Par exemple, tous les membres d'équipage disparaissent mystérieusement, planqués dans le premier placard venu ou partis prendre un café, quand les officiers cherchent du monde pour partir en mission. Pourquoi? Que se trame-t-il dans les coulisses? Pour Dahl et ses amis, il faudra aller très loin pour avoir des réponses. On pourrait presque dire qu'il faudra aller "where no man has gone before"... 👀👀 Mais toujours avec humour!

Allez donc voir ailleurs si ces chemises rouges y sont!
L'avis de Baroona
L'avis d'Ombrebones

mercredi 7 août 2024

La gamelle de juillet 2024

Encore un mois qui a filé à la vitesse de la lumière! Mais le moral a été meilleur que durant la première moitié de juin, ce qui est fort agréable.

Sur petit écran

Je n'ai regardé aucun film, mais j'ai profité d'avoir un peu de temps libre (tout est relatif...) pour reprendre un peu YouTube. J'adore manger en regardant les vidéos "Une semaine avec moi" de Mon Blog de Fille, par exemple.

Sur grand écran

Robocop de Paul Verhoeven (1987)

J'ai adoré découvrir ce film que je n'avais jamais vu et que je croyais, à tort, être une petite chose un peu ridicule, voire, potentiellement, un nanard. Eh bien non. C'est de la super science-fiction qui nous dit quelque chose sur notre monde (travail de la police, privatisation des services publics, détachement j'menfoutisme absolu des riches et puissants, traitement de l'information et des pubs à la télévision) et sur l'être humain (la scène durant laquelle Murphy visite son ancienne maison et se souvient est d'un tragique!). Le tout porté par une Detroit sale et infréquentable (les gars de Kiss peuvent chanter autant qu'ils veulent... Je n'irai jamais rocker là-bas... 😂), des acteurs convaincants et une musique très réussie signée Basil Poledouris (le compositeur de la célèbre bande originale de Conan le Barbare). Je suis rentrée chez moi en criant au génie.

Mes indispensable avis sur d'autres films de Verhoeven: Total Recall (1990), Basic Instinct (1992) (du génie!!!) et Starship Troopers (1997). 

King Kong de Peter Jackson (2005)

Une très belle redécouverte! Ce film mélange les genres avec brio, de l'ambiance mystérieuse et inquiétante du début à la partie aventure pure sur l'île jusqu'au tragique de la fin, et propose quelques plans qui ont été pas loin de me faire crier au génie – y compris la séquence épouvantable au fond du canyon avec des insectes répugnants, une parenthèse d'horreur qui me semble prouver que Peter Jackson, auréolé du triomphe du Seigneur des Anneaux, pouvait faire absolument tout ce qu'il voulait. Les acteurs sont tous très bons; à la limite, on pourrait reprocher à Jack Black de manquer de finesse, mais ça porte un personnage qui commence comme un sympathique embobineur et se révèle de plus en plus être un simple connard. Exception faite des dinosaures sauropodes, qui sont d'une laideur rare et dont la course est assez ridicule, l'animation est spectaculaire. Weta a vraiment écrit l'histoire du cinéma. ❤ Enfin, ce film ne manque pas de nous dire quelque chose sur l'être humain, sur sa cupidité, sur le viol du monde naturel et sur l'exploitation des animaux, à tel point que j'ai demandé à Google si Peter Jackson est végane (Google ne m'a pas répondu un "oui" franc, mais il travaille avec James Cameron pour soutenir la végétalisation de l'alimentation en Nouvelle-Zélande, ce qui pourrait être un indice en ce sens). Le parallèle avec des films à grand spectacle tels que Jurassic Park, Titanic et Avatar est évident. Ils nous divertissent, mais ils nous disent quelque chose de politique...

Dernière chose que je veux retenir: bien qu'elle soit pratiquement tout le temps en robe à petites bretelles, il n'y a pas vraiment de plan nichon sur Naomi Watts. Un exploit.

Twisters de Lee Isaac Chung (2024)

Une carrière de météorologue,
un moyen comme un autre de rencontrer un beau cowboy.

La bande-annonce laissait présager le pire, mais ce film catastrophe ultrapatriotique se laisse regarder sans problème particulier – si on apprécie les films absurdes avec de la destruction, bien sûr. 👀 J'ai retrouvé pas mal d'acteurs que j'apprécie, notamment Anthony Ramos qui jouait le rôle principal dans le dernier Transformers et Daryl MacCormack, qui jouait dans La Roue du Temps et Good Luck to You, Leo Grande (mais il a un petit rôle, je ne l'ai même pas reconnu clairement, juste eu l'impression que je le connaissais). Glen Powell a le même rôle insupportable de beau gosse arrogant que dans Top Gun Maverick, mais on ne peut nier que le charme opère...

Du côté des séries

Rien. Je n'ai absolument pas la foi de m'y remettre, tout semble trop difficile. Les vidéos "Une semaine avec moi" de Mon blog de fille, c'est bien.

Et le reste

Un mois marquant du point de vue des revues!

J'ai lu en diagonale le Livres Hebdo de novembre 2023, dont le dossier parlait de ma grande terreur, "l'intelligence artificielle". Les constats sont accablants et les perspectives désolantes. Mais le reste de la revue était intéressant, bien sûr.

J'ai lu le hors-série estival de Cheval Magazine, qui portait sur le bien-être – c'est-à-dire le même sujet que le hors-série de l'été dernier, si je me souviens bien. Étrange. 🤔 Ces hors-séries réunissent des articles parus dans la revue au fil des ans. Pour moi qui lis tous les numéros, c'est donc un doublon; mais comme je ne me souviens de rien trois secondes après avoir fini ma lecture, ça ne me pose pas problème particulier. Seuls quelques articles très précis, comme celui sur la pose de sangsues sur les chevaux (👀), me disent vaguement quelque chose...

Le plus important, c'est que j'ai lu Le Monde Diplomatique de juin dernier, que j'ai acheté parce qu'il y avait un article de Dominique de Villepin, dont j'avais vaguement une bonne opinion en raison de son discours à l'ONU en 2003, et surtout parce que cet article avait un titre qui m'a fait vibrer: "La guerre n'est pas le plus court chemin vers la paix". Eh bien, quelle révélation, cet article. Deux pages sur le "nécessaire sursaut diplomatique" de la France et la vision d'un monde multipolaire fondé sur les règles, avec une analyse qui me semble lucide de certains conflits, l'évocation du fait que les guerres détournent nos efforts de la lutte contre le changement climatique (jusqu'ici, je n'avais vu que Reporterre évoquer cet aspect), un certain franc-parler qui semble honnête (la diplomatie, ça consiste à bricoler la solution la moins mauvaise). Le gars invite la France à se casser du G7 pour concentrer ses efforts sur le G20, qui est plus représentatif de la réalité mondiale, vous imaginez! Et il dit que les ambitions de la Chine sont légitimes! Je n'en revenais pas. Pour la première fois depuis que je lis ce journal, j'ai souligné des passages. Puis j'ai relu l'article et j'ai souligné encore plus de passages. Puis j'ai vu, sur les réseaux sociaux, que de Villepin a annoncé qu'il voterait Nouveau Front Populaire aux législatives et que, suite auxdites législatives, il a qualifié la constitution d'un gouvernement de "bâton merdeux" tellement la tâche est compliquée. Ce gars est ma nouvelle idole.

Bon, sinon, le reste du journal donne envie de tout cramer et d'étrangler les riches. La routine. 😂

En fin de mois, j'ai lu mon Cheval Magazine habituel, le numéro d'août.

Et vous, des révélations particulières en ce mois de juillet? 😊

jeudi 1 août 2024

L'Énigme de la chambre 622 (2020)

Un Joël Dicker dans l'entrée dans mon immeuble? Emballez, c'est pesé!

Dans ce cinquième roman du célèbre auteur suisse, j'ai retrouvé des caractéristiques des deux que j'avais déjà lus: une écriture efficace, qui n'est pas d'une grande élégance mais a le mérite d'être claire, et une intrigue bien menée, qui donne envie de tourner les pages et de lire "juste encore un chapitre"... En relisant mes chroniques que l'époque, je constate qu'on retrouve aussi les allers-retours dans le temps et les innombrables sous-intrigues ou rebondissements qui donnent l'impression que l'auteur tire un peu à la ligne. En bref, ce n'est pas du très grand art, mais c'est diablement efficace! Une vraie bouée de sauvetage à un moment où je désespérais de lire quoi que ce soit!

L'histoire: cette fois, notre enquête porte sur un meurtre commis dans la chambre 622 d'un palace de luxe en Suisse. Un écrivain venu dans ce palace entend parler de l'affaire et essaye d'en savoir plus, en écrivant en parallèle un livre sur le sujet. La victime? Eh bien, on ne le saura pas avant la bonne moitié du roman, même si on rencontre toutes les forces en présence, une série de personnages liés à une banque privée très renommée. Course à la présidence, manipulations, amours secrètes, décisions idiotes et plans désespérés ("l'opération retournement", mais quelle idée 😂) ont bien rythmé mes soirées et, même si j'ai deviné certains éléments en amont, je n'ai pas su prédire qui était mort et je n'ai identifié le meurtrier qu'au dernier moment.

À noter aussi: dans des passages qui sont probablement autobiographiques, le narrateur-écrivain, qui est suisse et s'appelle Joël (comme l'auteur...), n'arrête pas de parler de Bertrand de Fallois, l'éditeur qui l'a révélé (comme l'auteur...) et est devenu un mentor et ami (comme l'auteur? Je ne sais pas, mais disons que quand Bertrand de Fallois est mort, Joël Dicker a quitté les éditions de Fallois et a monté sa propre maison d'édition, Rosie and Wolfe, ce qui laisse penser qu'il était plus attaché au patron qu'à la maison).

À noter aussi: Rosie and Wolfe n'a pour l'instant publié qu'une traduction, mais le nom de la traductrice (ou du traducteur?), Dominique Goust, est en couverture!!! Youhouhouh!

Livres de l'auteur déjà chroniqués sur le blog!
La Vérité sur l'affaire Harry Québert (2012)
Le Livre des Baltimore (2015)