mardi 28 janvier 2025

Bilan 2024 - Perso

Et maintenant que les bilans culturels sont sortis, place au bilan perso, un truc très utile pour me donner du courage au fil de l'année!

L'objectif, bien entendu, n'est pas de me voiler la face en oubliant tout ce qui ne va pas, mais de valoriser mes efforts. Les résultats ne sont jamais à la hauteur, ce qui me déprime considérablement, mais je fais au moins mon possible, ma part, pour que les choses avancent.

Cette année, cet article est plus long que jamais; je le scinde donc en deux afin de ne pas occuper toute la page d'accueil du blog. Trigger warning: je le scinde juste avant de parler d'euthanasie; si le sujet vous trouble, affichez la suite avec prudence.

🖥️ Pro. Mon chiffre d'affaires a augmenté, à tel point que cette année est la meilleure de ma carrière. C'est en partie parce que je touche des droits sur les ventes de mes traductions et que je suis donc rémunérée maintenant pour des travaux effectués il y a plus ou moins longtemps. Mais c'est aussi, et surtout, parce que j'ai travaillé dur. Et sans doute parce que j'ai appris à taper avec les dix doigts il y a deux ans, ce qui me permet de traduire plus de mots par jour, dans l'ensemble. Mais c'est quand même, et surtout, parce que j'ai travaillé dur.

💤 Repos. J'ai eu cent quatorze jours de repos sur l'année, ce qui est stable par rapport à 2023. En début d'année, c'était parti pour être plus, car j'ai eu des tas de week-ends complets. Mais je suis moins partie en vacances que d'autres années, et l'été et la fin d'année ont été bien chargés. Bon. J'aimerais bien avoir plus, mais je crois quand même voir la différence avec les années où je n'ai eu que cent jours, c'est-à-dire l'équivalent de mes week-ends et c'est tout.

🤑🤑🤑 Argent et dépenses. Des tas de gens disent que l'argent ne fait pas le bonheur. Moi, je suis intimement persuadée du contraire. Cette année, après avoir renfloué mon épargne que j'avais considérablement asséchée en 2023 à cause d'une année asphyxiante, j'ai pu m'offrir le luxe de m'acheter pas mal de choses. Des chaussures, des chaussettes, des culottes, des pantalons, des produits pour la peau. Je suis bien consciente que c'est banal pour la plupart des gens, mais, pour moi, ça a été une renaissance. Enfiler des chaussettes neuves, avec du tissu uniforme sur tout le pied, est jubilatoire quand on traîne des chaussettes reprisées, avec une maille transparente par endroits, depuis des années; travailler chez soi vêtue d'un pantalon neuf a quelque chose de grisant quand on travaille depuis des années en jogging informe et troué. Par ailleurs, j'ai ouvert pas moins de deux PER, auprès de Caravel et de Goodvest, dans la quadruple idée de réduire mon impôt sur le revenu, de verdir mon épargne, de diversifier mes placements et de complémenter une éventuelle retraite à l'horizon 2055.

jeudi 23 janvier 2025

Bilan 2024 - Lectures

Après le bilan cinématographique, place au bilan des lectures!

Avant tout, une petite note de catégorisation: tous les ans ou presque, on me demande si les bandes dessinées et les revues comptent dans le total des livres lus. Pour moi, c'est une évidence que non. Quand je compte les livres, je parle de livres non graphiques. Ce que je considère comme le sens par défaut de "livre", quoi. Mais comme ce n'est pas une évidence pour tout le monde, j'ai fait des catégories plus précises cette année.

Bilan des romans et essais (non graphiques, donc 😅)

Avec horreur et désespoir, j'ai constaté en fin d'année que je n'avais lu que cinquante-trois livres en 2024. Quelle déprime. C'est donc avec un certain soulagement que j'ai redécouvert que, en, fait, je n'en avais déjà lu que cinquante-quatre en 2023, ce qui impliquait que la diminution était infime, voire franchement insignifiante.

2020: 62
2021: 58
2022: 60
2023: 54
2024: 53

Peut-être que le fait de tenir, en moyenne, le rythme hautement symbolique du "un livre par semaine" est un palier que je ne parviens plus à dépasser dans un quotidien bien rempli.

Établir un classement a été à peu près impossible. Un livre en particulier se détachait, mais le mettre en tête ne reflétait pas suffisamment mon année en raison d'une série de livres qui lui impose une concurrence plus que rude. J'ai donc résolu le problème en classant non pas les livres, mais les auteurs!!! 💡💡💡

En tête:
Simone de Beauvoir et Jules Romains

Bon, ça n'étonnera personne. Tant Mémoires d'une jeune fille rangée que La Force de l'âge sont des bouquins de dingue, qui m'ont fait découvrir une femme hors de l'ordinaire; mais Jules Romains, avec sa saga des Hommes de bonne volonté, me rend tout simplement hystérique. J'ai lu les six premiers romans cette année et je me réjouis d'en avoir vraisemblablement jusqu'en 2028 avec la suite. J'en ai d'ailleurs probablement pour aussi longtemps avec de Beauvoir, car je compte bien lire ses romans quand j'aurai fini ses mémoires. 💕💕💕

Deuxième place du classement

Laurent Gaudé, bien entendu! J'ai lu trois de ses livres: Eldorado, Chien 51 et La Mort du roi Tsongor. Tous trois ont été à tout le moins bons, et le dernier a même été une sacrée expérience.

Troisième place du classement

René Barjavel avec Ravage, bien sûr! Quelle littérature, ce roman. En soi, il mériterait d'être ex-aequo avec Gaudé, mais j'ai lu trois romans, tous bons, de Gaudé, alors que Barjavel m'a moins emballée avec La Nuit des temps...

Quatrième place du classement

John Steinbeck avec Of Mice and Men, un bouquin légèrement traumatisant, mais excellent.

Cinquième place du classement

Je suis très, très heureuse d'avoir enfin lu John Scalzi, avec le jubilatoire Redshirts. Et d'avoir continué à découvrir Antoine Bello avec Du rififi à Wall Street. Et d'avoir rencontré Hervé Le Tellier avec L'Anomalie.

Et les autres...

Comme tous les ans, j'ai envie de citer bien d'autres auteurs: Becky Chambers, Villiers de l'Isle Adam, Barbey d'Aurevilly, Charlotte Brontë, Philippe Jaenada... Sans même parler de mes relectures de Légende et du Seigneur des Anneaux!! Mais je me limiterai à lister en détail ce bon vieux Guy de Maupassant, présent avec deux recueils de nouvelles – Le Rosier de Madame Husson et Mademoiselle Fifi – et sa biographie écrite par Henri Troyat.

Et la pile à lire, dans tout ça?

Elle est passée de dix à vingt-deux livres, ce qui me va très bien. Ok, en pourcentage, ça représente une augmentation de 120%, mais le chiffre absolu me convient très bien.

Du côté des BD

J'ai lu seize ouvrages, ce qui est très bien. Mon objectif est de lire une bande dessinée par mois, donc on y est. Je n'ai pas fait de classement, mais la grande gagnante est sans conteste la magnifique Wonder Woman Historia.

Du côté des revues

Outre mon fidèle Cheval Magazine (douze mensuels + un hors-série), j'ai lu en diagonale cinq anciens numéros de Livres Hebdo et j'ai lu (en entier, pour de vrai) douze autres revues ou journaux, comme Translittérature et Le Monde Diplomatique. Étant donné que mon objectif est de lire une revue par mois en plus de Cheval Mag, c'est parfait.

Et pour 2025?

Bein, je veux lire plus, bien entendu. Espérons!!

samedi 18 janvier 2025

Bilan 2024 - Cinéma

Comme tous les ans, l'heure est venue de faire le bilan de l'année écoulée. Que retiendrai-je de 2024?

Au cinéma, c'est, toutes proportions gardées, plutôt la catastrophe: je cumule trente-cinq séances. C'est un recul par rapport à 2022 et 2023, et cela me chagrine quand même pas mal. D'un autre côté, c'est toujours moins pire que 2019... 😂😂 (Et que 2020 et 2021, me direz-vous; mais ces deux années-là étaient particulières pour des raisons indépendantes de ma volonté, donc je ne les utilise pas comme référentiel.)

2017: 44 séances
2018: 41 séances
2019: 27 séances
2020: 21 séances
2021: 16 séances
2022: 40 séances
2023: 41 séances
2024: 35 séances

À défaut de quantité, y a-t-il au moins eu de la qualité? Oui, indéniablement. J'ai revu ou découvert de sacrés chefs d'œuvre du cinéma, comme Le Nom de la Rose et Jurassic Park. Toutefois, j'estime que ce bilan doit porter sur les films sortis en 2024 même, ou à tout le moins fin 2023; je trouverais très étrange de dire que le meilleur film de 2024 est sorti en 1986 ou en 1993.

(Pour les personnes pointilleuses: oui, je suis consciente que cette règle que j'impose au classement cinéma ne me traverse même pas l'esprit pour le classement des lectures. Je n'ai aucun problème à dire que le meilleur livre de 2024 est paru en 1958. Mais cette différence de règles me semble une évidence. Et puis bon, l'humain n'est pas à une contradiction près, voilà voilà.)

Bref, mon classement des films sortis en France en 2024 ou fin 2023 commence par...

Flow de Gints Zilbalodis

 Ce dessin animé est tellement magique
que je le mets en tête sans aucune hésitation.
Mon avis.

Pour les quatre suivants, en revanche, il n'y a pas réellement de classement qualitatif: je les indique ici dans l'ordre dans lequel je les ai vus.

Godzilla Minus One de Takashi Yamazaki
Une très belle interprétation de Godzilla. Quelle chance que ce film ait eu droit à une deuxième sortie et que mon cinéma l'ait passé. 🤩🤩 Mon avis.

Creation of the Gods I: Kingdom of Storms de Wu Ershan
Ohlàlàlàlà de la fantasy chinoise à grand spectacle!! Je n'en reviens toujours pas!! Et le deuxième film arrive en 2025!! Putain, heureusement que la Chine est là, en attendant Avatar 3!! 🤩🤩
Mon avis.

La Zone d'intérêt de Jonathan Glazer
Un film glaçant, mais unique dans son idée de départ, portée par un traitement particulier.
Mon avis.

Lee Miller d'Ellen Kuras
Un grand film pour la grande actrice qu'est Kate Winslet.
Mon avis.

Pour soutenir un minimum le cinéma français, j'ajouterai que j'ai passé un très bon moment avec Les Trois Mousquetaires: Milady, même si on n'est pas non plus dans du Grand Cinéma. Mon avis.

Et vous, avez-vous vu certains de ces films? Que retenez-vous de cette année dans les salles obscures?

lundi 13 janvier 2025

Les BD du quatrième trimestre 2024 🐢

Comme d'habitude, retour sur les lectures graphiques des trois derniers mois! Un grand merci à Nadège pour m'avoir fourni de la lecture! 😊😊😊

The Witcher. Tome 1: Un grain de vérité de Jacek Rembis et Travis Currit (scénario, d'après la nouvelle originale de Andrzej Sapkowski), Jonas Scharf (dessin), José Villarrubia (couleurs) et Kai Carpenter (dessin de couverture), traduit de l'anglais par Nadège Gayon-Debonnet (d'après la traduction du polonais de Laurence Dyèvre) (2022)

Le premier tome de l'adaptation en comics du Sorceleur m'a un peu fait retomber dans l'hystérie qui a accompagné pour moi la série – alors même que je n'ai pas vraiment compris la fin, lol. Il faut tellement que je lise ces bouquins un jour. J'aurais tellement aimé écrire ça, moi. Bouhouhouh.
Éditeur: Hi Comics

Teenage Mutant Ninja Turtles Reborn. Tome 1: Renaissance et tome 2: La Vie après la mort de Sophie Campbell (scénario et dessin), Nelson Daniel et Jodi Nishijima (dessin), et Kevin Eastman et Tom Waltz (récit), traduit de l'anglais par Nadège Gayon-Debonnet (2023)

Alors là, je me suis régalée avec cette nouvelle version des Tortues Ninja. J'ai eu un peu de mal à me situer au début du tome 1 car je n'ai jamais lu les comics, mais il y a un effort pour fournir au lecteur le minimum vital du contexte et je me suis vite habituée. Un quartier entier de New York, coupé du reste de la ville, abrite des centaines de mutants qui doivent réorganiser leur vie en parias. Splinter est mort et les quatre frères sont à la dérive. Ce contexte difficile, voire franchement crève-cœur pour les tortues, est allié à un dessin mignon qui m'a fait craquer. Il faut que je retienne le nom de Sophie Campbell pour ce scénario plein de sujets riches et ce dessin à tomber. Le deuxième tome m'a un peu moins plu, car Sophie Campbell n'est plus au dessin, mais Nelson Daniel et Jodi Nishijima lui sont restés assez fidèles, heureusement pour moi. Entraide et tolérance sont au cœur des ces histoires avec plein de nouveaux personnages féminins et des animaux très variés (il y a même un pigeon 🥰), ce que j'ai beaucoup apprécié. Un régal!
Éditeur: Hi Comics

Teenage Mutant Ninja Turtles - The Last Ronin - Lost Years de  Kevin Eastman et Tom Waltz (scénario et dessin), SL Gallant et Ben Bishop (dessin), traduit de l'anglais par Nadège Gayon-Debonnet (2024)

J'ai beaucoup moins apprécié ce comics. D'une part, il prend lui aussi les évènements en cours de route, étant donné qu'il suit directement The Last Ronin, que je n'ai pas lu; et malgré qu'il y ait des rappels pour situer le lecteur, j'ai eu moins de facilités à me placer dans l'univers que dans celui de Reborn. D'autre part, les histoires sont tout simplement moins intéressantes: la partie sur la fille d'April O'Neil et quatre jeunes tortues est sympathique, mais n'avance pas vraiment; la partie sur Michelangelo est assez frustrante car il cumule les revers et l'on a l'impression d'un scénario qui se traîne. Enfin, je n'ai pas aimé les dessins...
Éditeur: Hi Comics

mercredi 8 janvier 2025

La gamelle de décembre 2024

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé, hors lecture.

Sur petit écran

Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier (2013)

Ce film me fait mourir de rire. 😂😂
(Je réalise que je le voyais pour la quatrième fois, vu que je l'ai vu au cinéma lors de sa sortie, puis en 2017, puis en 2021. C'es très rare pour moi.) (Et j'ai déjà envie de le revoir. 😂)

Sur grand écran

Sarah Bernhardt, la Divine de Guillaume Nicloux (2024)

Un biopic intéressant sur une actrice que je ne connaissais que de nom. Bien que l'intrigue soit essentiellement centrée sur une de ses relations amoureuses, cela m'a permis d'en apprendre plus sur elle et son parcours. Le personnage a l'air totalement hors de l'ordinaire et très libre, ce qui m'a pas mal envoyé du rêve! Moi aussi, je veux vivre avec un lynx et un maki-cata! En outre, on croise Émile Zola, même si j'ai trouvé le personnage un peu bizarre.

La Guerre des Rohirrim de Kenji Kamiyama (2024)

Retour en Terre-du-Milieu, mais version dessin animé d'inspiration japonaise cette fois-ci. J'ai trouvé le résultat très inégal: autant la mort de Helm envoie du lourd, autant beaucoup de choses m'ont semblé absurdes ou mal gérées (le nombre très limité de combattants autour d'Edoras, les réactions de plusieurs personnages, la locomotion franchement cheloue des chevaux). Et pour un film centré sur un personnage féminin fort, le tout m'a semblé quand même remarquablement patriarcal. Mais repartir en Terre-du-Milieu est toujours agréable, et mon cœur a palpité. 💞

Du côté des séries

Toujours rien.

Et le reste

En novembre, après avoir visité la superbe exposition L'Art de James Cameron de la Cinémathèque, j'ai ressorti un vieux hors-série de Mad Movies sur mon réalisateur fétiche. Il date de 2009, mais je l'ai lu bien plus tard, genre en 2016 ou 2017, quand j'ai découvert Mad Movies et passé une commande sur leur boutique en ligne. C'était passionnant, comme d'habitude; et Michael Bay en prend pour son grade, comme souvent. 😂 Seule réserve: j'ai trouvé le premier article trop axé sur une prétendue haine du monde entier contre James Cameron, et un autre article trop enclin à croire que le monde entier a, au contraire, été très influencé par James Cameron. Je n'étais pas non plus en désaccord radical, mais pas bien convaincue.

En fin de mois, j'ai lu mon Cheval Magazine, comme d'habitude. Et comme d'habitude, la "menace animaliste" les préoccupe pas mal... Ils me fatiguent... 😅

vendredi 3 janvier 2025

La Mort du roi Tsongor (2002)

Ayant souhaité espacer un minimum mes lectures de Laurent Gaudé, j'ai héroïquement résisté durant six mois avant d'attaquer La Mort du roi Tsongor. Lorsque je suis enfin entrée en action, j'ai lu les deux premiers chapitres dans un trajet en train, en ayant la tête totalement ailleurs, et ça n'a rien donné. Mais heureusement, j'ai dégagé du temps pour ça les jours suivants.

Et...

Bein quelle claque, hein. Il est dingo, ce bouquin.

À Massaba, une ville fictive évoquant les grands empires antiques, le roi Tsongor est sur le point de marier sa fille Samilia, et tous et toutes se réjouissent. Mais la veille de l'arrivée du fiancé, se présente devant le roi un ami d'enfance de Samilia auquel elle a juré fidélité... Deux prétendants pour la même femme, chacun légitime, c'est la perspective de la guerre pour l'empire que Tsongor a construit à la force des armes. Commence alors la longue nuit du roi Tsongor, qui veille et réfléchit en compagnie de Katabolonga, le porteur du tabouret d'or, un homme d'un royaume vaincu des décennies plus tôt qui le sert depuis lors et qui aura le droit, un jour, de le tuer. Et la mort, cette nuit-là, semble à Tsongor la seule solution pour éviter le désastre.

Évacuons tout de suite ma petite réserve: dans ce roman, Laurent Gaudé fait beaucoup de phrases nominales très courtes ou des phrases verbales mais sans pronom au début. Je comprends bien que ça donne un rythme abrupt, haché, qui peut souligner la violence ou le tragique d'une situation, mais ça ne me plaît pas beaucoup, et il y en a ici suffisamment pour que ça fasse un peu tic d'écriture.

Mais sinon, ce roman est juste dingo. Le souffle épique est digne de la Bible. Massaba est une ville immense, cernée de remparts, face à une armée menée par un homme bien décidé à en découdre; tous les chefs de guerre sont plus grands que nature (les mâcheurs de khat, les chiennes de guerre, les amazones à dos de zébu (oui!)); le siège s'étire de manière incroyable dans le temps. En fait, le temps s'étire de manière incroyable pour tout le monde, à commencer par Tsongor et Katabolonga, qui passent une éternité ensemble, d'abord dans la vie, puis dans la mort. "Dans la mort", oui: il y a aussi un élément fantastique assez particulier, qui évoque peut-être de vieilles légendes des rois survivant après la mort et donne une teinte douloureuse à l'ensemble.

Ensemble qui est bien tragique en soi, même sans le regard de Tsongor! Car le siège de Massaba est un bain de sang insensé, dans lequel les frères et les amis s'entretuent et les cadavres s'accumulent dans la plaine désertique, sans cesse piétinés par de nouveaux combattants. Le masssacre des chiennes de guerre envoûtées est terrible, et certains passages sont même assez gores. C'était fou!

Et en parallèle du siège, Souba, le fils cadet de Tsongor, parcourt l'empire à la recherche de sept endroits où faire bâtir des tombeaux en l'honneur de son père. Cet élément aussi m'a paru très "antique" et symbolique, et j'ai adoré le portrait nuancé qu'il donne à voir de ce grand conquérant.

Le seul problème de ce bouquin, en fin de compte, c'est qu'à côté, toute la production de Laurent Gaudé qui a suivi me paraît rétrospectivement un peu plate – y compris Eldorado, qui m'a pourtant fait vibrer en juin dernier. Je suis ébahie qu'il ait eu le prix Goncourt des lycéens en 2002. J'étais au lycée à l'époque et j'étais à mille lieues de lire et d'apprécier ça. Chapeau aux lycéens et chapeau à Laurent Gaudé!

Autres livres de l'auteur déjà chroniqués sur le blog
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