dimanche 25 janvier 2015

UGC Culte: L'invasion des profanateurs de sépulture (1956)

Avec un titre pareil, ce film de Don Siegel de 1956 était plus qu'intrigant!


Il se trouve qu'il s'agit en fait d'un problème de traduction du titre original Invasion of the Body Snatchers, et qu'il n'y a guère de profanation ou de sépultures dans l'histoire... ^^ Le traducteur, selon la vidéo de présentation de l'UGC, n'avait pas vu le film quand on lui a demandé de traduire le titre. Il y a là une belle leçon sur l'importance de fournir toutes les informations pertinentes à un traducteur si on veut qu'il fournisse un travail satisfaisant... :)

Ce film s'est révélé très intéressant et pas bête du tout. Attention, billet lourd en spoilers!

Dans la paisible petite ville de Santa Mira, le docteur Miles Bennel, de retour d'un colloque, découvre avec étonnement que les nombreux patients qui avaient demandé à le consulter en son absence ne semblent plus souffrir de rien et ne viennent pas aux rendez-vous prévus. En outre, il rencontre deux personnes qui soutiennent avec insistance qu'un de leur proches n'est pas celui qu'il est censé être. C'est-à-dire, leur mère ou leur oncle est bien là, mais ils savent que ce n'est pas elle ou lui!

Un ami psychiatre lui confirme qu'il suit depuis quelques jours des dizaines de cas semblables. Une sorte d'épidémie mentale semble s'être saisie de la ville. Le docteur et son amie Becky Driscoll ne savent pas trop quoi penser, jusqu'à ce qu'un habitant les fasse venir chez lui.... Où il a trouvé un corps humain étonnement semblable au sien en train de se développer sur sa table de billard.


La vérité, c'est que des créatures extraterrestres apparemment végétales peuvent adopter la forme qu'elles souhaitent en grandissant et remplacent peu à peu tous les habitants de la ville. Elles absorbent leurs souvenirs et leur personnalité pour tromper leur monde, mais elles sont complètement insensibles et inhumaines. D'où le ressenti bizarre des habitants qui ne reconnaissaient pas leurs proches.


L'invasion des profanateurs de sépultures a beau être censé faire peur, il a bien trop vieilli pour effrayer le spectateur d'aujourd'hui. Les quelques scènes "effrayantes" font même sourire. Mais il reste tout à fait d'actualité dans ses deux thématiques principales:

1. la folie qui semble folie mais est en réalité lucidité ou savoir. Comme chez Maupassant et Lovecraft, quand notre héros s'exclame que des extraterrestres sont en train de conquérir la ville, personne ne le croit. Toute personne soupçonnant la vérité est prise pour folle. Et plus vous soutenez que vous n'êtes pas fou... plus on vous prend pour fou.

2. la résistance à l'uniformisation. Quand nos deux héros, les deux derniers vrais humains de la ville, prennent la fuite, ils s'accrochent à leur humanité, notamment à leur amour. Ils ne veulent pas devenir des automates insensibles, occupés seulement par la multiplication de leur espèce. Ils veulent continuer à vivre. Même si les extraterrestres, en face, leur expliquent que ce n'est pas douloureux et qu'ils seront tout à fait bien après. Cela a parfaitement sa place dans la société très policée des années cinquante, mais reste saisissant en cette année 2015...


Replacé dans le contexte de l'époque, le film semble bien évoquer le communisme et la chasse aux sorcières de McCarthy. Dans sa présentation, Jean-Pierre Lavoignat expliquait qu'il a été interprété de deux manières opposées: soit une critique de l'entrée sournoise du communisme dans la société, soit une critique de la chasse aux sorcières. Et je dois dire que les deux visions tiennent... Peut-être que Don Spiegel était assez lucide pour critiquer les deux choses à la fois.

Je tiens à souligner que l'idée de faire précéder les films Culte par cette vidéo de présentation de ce monsieur Lavoignat est vraiment une bonne idée. J'ignore d'où il sort et la mise en scène est un peu ennuyeuse (de face, de côté, de face, de côté...), mais c'est super intéressant d'avoir quelques infos sur le film. Ici, je suis restée un peu sidérée face à tout ce que je ne savais pas: Don Siegel est le réalisateur de L'inspecteur Harry, un de ses assistants a réalisé je ne sais plus quel western célébrissime, plusieurs remakes ont été faits de ce film-ci... Et d'autres infos que j'ai oubliées mais qui m'ont semblé pertinentes sur le coup.

On a beau avancer dans la vie et essayer de peaufiner sa culture, décidément le vaste monde du cinéma regorge de surprises...

Dernières idées sur ce film: la vision de la femme a beau être datée, elle a quelque chose de charmant (ces robes et ces tailles de guêpe, houah!); et le noir et blanc convenait très bien à l'ambiance générale du film.

Un film à voir si vous en avez l'occasion, donc. En plus, il ne dure qu'une heure vingt... :)

2 commentaires:

  1. hey hey, et Les sentiers de la gloire tu l'as vu alors pour finir ?
    Tu seras contente d'apprendre que j'ai revu La planète des singes il y a peu, par ta faute encore, et que j'adore toujours autant. Il a vieilli mais l'histoire reste hyper prenante (même quand on sait comment ça finit).

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    1. Les sentiers de la gloire n'est pas encore passé, c'est en février ! :) La semaine du 17 au 24 ou quelque chose de ce genre...
      Haha j'ai vu l'image sur Tumblr en effet, contente que tu aies réapprécié! :)

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