samedi 10 janvier 2015

L'Éveil de la Lune (1994)

L'Éveil de la Lune d'Elizabeth Hand: voilà une lecture tellement difficile que je vais prendre le temps d'en dire du mal en long, en large et en travers.


D'abord, le style: j'ai trouvé les premières pages laborieuses, puis le reste convenu et oubliable, parfois irritant. Le fait que j'ai lu ce roman traduit, pour la simple raison que je l'avais chez moi en français vu que je l'ai lu quand j'étais ado (et a-do-ré, soit dit en passant), y est peut-être pour quelque chose. Mais je ne pense pas que Daniel Rode, le traducteur, soit en réalité à blâmer. Les descriptions sentent l'exercice d'écriture et il y a énormément de répétitions. Je ne supportais plus tous ces yeux "mouchetés de vert"...

Ensuite, et surtout, les personnages: des clichés sur pattes. Il y a la narratrice mièvre et molle, ballotée par les évènements; la femme fatale mystérieuse; le beau gosse fêlé, bonne âme au fond, mais planant tellement qu'on ne comprend rien à ce qu'il raconte; les side-kicks qui servent de faire-valoir; et des méchants très méchants et très puissants qui ne sont plus du tout méchants ou puissants quand il y a de l'action.

D'une manière générale: les incohérences et le manque total de vraisemblance. Il se passe beaucoup de choses mystérieuses dans ce livre, mais personne ne semble s'en rendre compte, ou fait comme si de rien n'était, ou bien se questionne beaucoup mais n'agit pas. L'apothéose est atteinte à la fin avec le bâclage total de la scène du sacrifice qui est censé être le clou apocalyptique du livre.

Enfin, et surtout, L'Éveil de la Lune est un livre profondément mièvre, à l'image de sa narratrice, et moi le mièvre me tombe des mains.

Et maintenant que vous savez tout, quelques mots sur l'histoire. Le roman met en scène une jeune femme, Sweeney, qui entre dans une très prestigieuse et très mystérieuse université de Washington, où elle ne se sent pas à sa place. Mais elle rencontre en cours une très belle étudiante, Angelica, et un très bel étudiant, Oliver, qui lui dit des choses peu compréhensibles mais qu'elle décide d'accompagner dans les bars de la ville, en séchant tous les cours dès le premier jour. Enfin, sauf le cours auquel elle a rencontré les deux, évidemment. S'ensuit la révélation que l'université est en réalité le siège d'une société secrète qui lutte depuis des temps immémoriaux contre le retour de la Déesse, mais on ne sait pas trop comment. S'ensuivent plein de choses étranges que tout le monde ignore, au premier rang desquelles la disparition d'une prof dans un monde parallèle...

Foncièrement, le culte de la Déesse, ça me plaisait. Et cet aspect-là est même bien documenté et intéressant. C'est une Déesse cruelle et implacable que Sweeney devine, et j'ai bien aimé cette vision dure d'un culte féminin très éloigné de la vision gentillette qu'on en a souvent. La Femme, c'est certes la Mère dans un premier temps, et la Fille et l'Amante; mais c'est aussi la Mort, la Lune noire qu'on ne veut pas voir et qui ravage tout sur son passage si on la réveille. Les descriptifs des rituels sont saisissants, avec une composante pouvoir/sexe/mort très osée, et j'ai eu envie d'en savoir plus.

Malheureusement, avec ce manque total de vraisemblance et avec Sweeney qui passe son temps à chouiner parce que les autres sont plus beaux qu'elle, et qu'elle ne comprend pas ce qu'il se passe, et qu'elle a raté sa vie, et qu'elle a n'a rien à faire là, et qu'elle a peur, et que et que... Et bien la sauce ne prend pas....

Pour avoir un tout autre son de cloches, vous pouvez lire quatre critiques unanimement élogieuses sur Noosfère.

Ce livre me permet cependant de participer à nouveau au chalenge SFFF au féminin de Tigger Lilly, et ça c'est la fête! :)

2 commentaires:

  1. Des fois faut pas relire ses lectures d'ado, ça fait mal :D

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Haha tu as raison! :)
      C'est drôle, tu as laissé ton commentaire pire quand je m'extasiais sur mes commentateurs en rédigeant le billet de samedi.

      Supprimer

Exprime-toi, petit lecteur !