vendredi 26 juin 2020

Anne Rice. La reine des vampires (1991)

Il y a trois ans, j'ai récupéré ce livre à un prix défiant toute concurrence (2€, je crois) lorsqu'une médiathèque du coin a vidé ses rayonnages. Je ne pouvais, bien sûr, pas laisser passer une biographie d'Anne Rice, même si elle avait 25 ans.

Impossible de prendre une photo décente, désolée.

Au final, malheureusement, la lecture de cet ouvrage de Katherine Ramsland a été mitigée.

D'une part, j'ai apprécié de découvrir la vie d'Anne Rice de plus près: enfance à la Nouvelle-Orléans, mère alcoolique, éducation à la fois très libre et créatrice (à la maison) et très stricte (dans des établissements catholiques avec messe obligatoire à 6 heures du matin), départ pour le Texas et la Californie, rencontre avec Stan Rice, mariage, naissance et mort d'une enfant, Michèle, débuts littéraires balbutiants jusqu'au succès d'Entretien avec un vampire. En outre, Katherine Ramsland détaille longuement l'intrigue de chaque roman, ce qui m'a permis de me rafraîchir la mémoire et d'en découvrir certains que je n'ai pas lus (La Momie, Exit to Eden et les tomes 2 et 3 de La Belle au bois dormant, par exemple).

D'autre part, la biographe adapte une interprétation psychanalitique fortement genrée qui m'a laissée sceptique et qui, à mon avis, ne reflète pas l'opinion d'Anne Rice, qui me semble avoir dépassé toute notion de genre depuis longtemps. Katherine Ramsland interprète toute son œuvre à l'aune du masculin/féminin et de la domination/soumission, ainsi qu'en fonction de sa vie personnelle. Bon, Anne Rice ne cache pas qu'elle a mis beaucoup d'elle dans ses romans, mais de là à en interpréter la moindre phrase comme une expression de sa situation familiale ou de ses tendances sexuelles, il y a un pas que je n'aurais pas franchi...

En outre, la version française d'Anne Fabry et de Carlo Lefèvre comprend de nombreux problèmes, comme des erreurs de sintaxe (que je peux à la limite attribuer à des belgicismes, la maison d'édition Lefrancq étant belge) et surtout des erreurs dans les références aux livres d'Anne Rice qui prouvent clairement que les traducteurs n'ont pas consulté les traductions françaises qui étaient pourtant déjà disponibles au moment de la publication de cette biographie en 1997. Parfois, les erreurs sont même internes au texte. Par exemple, un roman est appelé tout à tour par son titre anglais et par son titre français. Autre exemple qui m'a vraiment gavée: les "twins" de la Reine des damnés sont qualifiés de "jumeaux" à leur première apparition alors que le résumé du roman explique bien, deux pages plus loin, que ce sont deux femmes, et donc des "jumelles"!! Donc, même en ne consultant pas le roman d'Anne Rice, les traducteurs auraient dû parler de "jumelles". Bref, un travail bâclé, et rien ne me gave autant qu'un travail bâclé – même si mes propres déboires avec l'édition me poussent à souligner que les traducteurs n'y sont peut-être pour rien: les éditeurs imposent parfois des délais intenables qui rendent toute relecture impossible, et confient ensuite la relecture à des "correcteurs" incompétents qui vont jusqu'à insérer des erreurs de grammaires dans votre traduction, comme cela m'est arrivé... 

Bref, à part cette parenthèse véhémente, ce fut une lecture mitigée. Mais je n'ai pas boudé mon plaisir en me retrouvant un peu en présence d'Anne Rice, une écrivaine que je tiens en très haute estime.

15 commentaires:

  1. "D'autre part, la biographe adapte une interprétation psychanalitique fortement genrée" -_-

    "(que je peux à la limite attribuer à des belgicismes, la maison d'édition Lefrancq étant belge" euh alors non, pas à l'écrit dans ce genre de livre, ou alors ce sont des branquignoles. De quelle genre d'erreurs il s'agit ?

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    1. @Tigger Lilly: Eh bien je ne sais plus et je ne retrouve pas, évidemment. Des choses bancales ou bizarres, un peu comme si tu lisais "je donne ma langue au chat" alors que l'expression n'existe pas et que tu te disais "mais pourquoi faire une chose pareille?".

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  2. La surinterprétation, vraiment la lie de l'analyse. >.<
    Heureusement qu'il ne t'a pas coûté cher du coup. Même si maintenant on sait un peu pourquoi ils s'en débarrassaient. =P

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    1. @Baroona: "La surinterprétation, vraiment la lie de l'analyse" --> Mais tellement!
      Bon, en toute objectivité je pense qu'il a aussi été viré parce qu'il a 25 ans, je ne pense pas que la biographie datée d'une autrice qui ne fait plus trop l'actualité soit tellement empruntée :D

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  3. Oh ben c'est dommage ça, une biographie d'Anne Rice (dont je ne connais quasiment pas la vie alors que j'ai lu beaucoup de romans d'elle), ça m'aurait bien plu.

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    1. @Shaya: Il existe sûrement des ouvrages plus récents et mieux fichus :)

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  4. L'analyse psychanalytique, tout un programme...
    En même temps, Anne Rice et moi... même si j'ai lu 2-3 romans à la sortie d'un certain film

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    1. @Le chien: Je ne suis pas du tout étonnée que ce ne soit pas ta came :)

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  5. Jamais lu Anne Rice ! Est ce qu'il faudrait ? J'avoue que je ne connais pas du tout... conseilles-tu un titre en particulier ?

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    1. @Ksidra: Oui, je pense qu'Entretien avec un vampire mérite le détour. Ensuite, Anne Rice ne convient pas à tout le monde. Elle a une obsession pour la nature du bien et du mal qui peut sembler vaine et une vision à la fois platonique et crue de la sexualité. Mon copain, par exemple, a trouvé certains passages malsains. Mais Entretien avec un vampire a vraiment marqué le genre et elle a une plume très riche, donc je te recommande carrément de la lire.

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    2. J'avais bien aimé la saga des sorcières (enfin sauf le tome 3 pas top dans mon souvenir) mais ça fait très longtemps.

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    3. D'accord merci je note Entretien avec un vampire et la saga des sorcières à essayer à l'occasion !

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    4. @Tigger Lilly et Ksidra: Ahah le premier roman des sorcières est justement celui que mon homme trouve super malsain. Mais il est super ambitieux.

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  6. La biographie psychanalyse, je n'avais encore jamais croisée celle-là. J'aimerais dire que c'est étrange mais en fait c'est super fréquent les bio qui sur-interprètent. Ca me sort toujours un peu du truc d'ailleurs.

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    1. @Vert: Tout à fait, ça m'a bien sortie de cette lecture :D

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