Après les Fiancés de l'hiver, les Disparus du Clardelune et la Mémoire de Babel, place au quatrième et dernier tome de la Passe-Miroir, la Tempête des échos.
Dans l'ensemble, je suis déçue, comme je le craignais. Toutefois, je pense que je relirai toute cette saga un jour et que j'apprécierai ce tome différemment. Je vous en dis plus avec force divulgâcheurs. Poursuivez votre lecture à vos risques et périls.
Ma déception tient essentiellement au fait que, pendant les trois quarts du bouquin, je n'ai pas vraiment compris ce qu'il se passait. Je comprenais bien les actions des personnages, mais je ne comprenais pas leur recherche et toutes les implications qu'ils semblaient voir dans les évènements. On sait déjà, au début de ce bouquin, qu'une certain Eulalie Dilleux, dite Dieu, est responsable de la création des esprits de famille et de la destruction du monde tel que nous le connaissons. Nous savons aussi qu'il y aurait un Autre mystérieux, tout aussi puissant, si ce n'est plus. Ophélie et Thorn essayent d'en savoir plus en enquêtant sur le phénomène des échos et sur une institution secrète de Babel, qui serait consacrée à la recherche de la Corne d'abondance.
Plus leur enquête progresse, plus la réalité est complexe et moins j'avais l'impression de comprendre ce que sont les échos, ce qu'est la Corne d'abondance, ce qu'est le monde de l'envers où Ophélie finit, comment l'Autre avait pu s'éveiller à la conscience et venir dans le monde "réel"... En outre, à un moment, vers les deux tiers du livre, on se fait balader de lieu en lieu et de méchant en méchant, chaque antagoniste se révélant en fait un simple maillon de la chaîne, et j'ai trouvé cela artificiel. Il y avait aussi une nette volonté de faire réapparaître des personnages oubliés, comme le Chevalier, que j'ai également trouvée artificielle.
Du coup, quand Dabos redresse tout cela dans le final avec un coup de poker considérable ([divulgâcheur gigantesque] celui qu'on a pris pour Dilleux jusqu'à maintenant est en fait l'Autre, tandis que l'inoffensive Elizabeth est en fait Dilleux [fin du divulgâcheur gigantesque]), j'ai eu du mal à prendre ce coup de poker au sérieux. Il y a quelque chose de génial à avoir fait marcher le lecteur comme ça, mais j'étais trop déroutée pour y croire totalement. C'est pour cela que je pense que j'apprécierai beaucoup plus cette fin lorsque je lirai la saga une deuxième fois (car je relirai la Passe-Miroir un jour, j'en suis certaine); je prêterai plus attention à certains évènements et l'ensemble paraîtra certainement plus logique. Même si, bon, le monde de l'envers et le personnage de Seconde qui prédit l'avenir, ça ne prendra certainement jamais sur moi, vu que je déteste les histoires de mondes parallèles et de destins tout écrits.
Côté positif, on retrouve ici la plume extraordinaire de clarté, d'humour et de rythme de Dabos, qui est décidément très douée. Même quand je ne pigeais rien à ce qu'étaient les échos et à ce qu'ils faisaient, j'ai adoré le style de ce bouquin, qui est une réussite totale. Et puis Dabos a osé faire une fin qui n'est pas franchement un happy end. Déjà, on voit la moitié des personnages mourir au fil du bouquin; ensuite, même s'ils sont ressuscités à la fin, on en perd pour de bon deux que j'aimais beaucoup. Quant à Ophélie et Thorn, ils prennent cher, il n'y a pas d'autre manière de le dire. Le roman se clôt sur un message résolu en faveur de la lutte, aussi longue et désespérée soit-elle, et c'est un beau message qui va très bien à Ophélie. Derrière sa maladresse et ses airs effacés, elle a toujours fait preuve d'une force de caractère extraordinaire qui me fait amèrement regretter de ne pas avoir pu l'avoir pour rôle modèle quand j'étais enfant ou adolescente.
En résumé, j'ai adoré cette saga, même si ce quatrième tome m'a perdue et si le premier, avec la découverte de la Citacielle, est celui qui m'a le plus marquée et enchantée. Si vous vous lancez, pensez à enchaîner les tomes rapidement, ou tout du moins le troisième et le quatrième, qui forment presque un seul et même roman.
Allez donc voir ailleurs si cette tempête y est!
L'avis de Vert